Chapitre 1
« Non… Rien ici non plus… AH ! Enfin quelque chose de mangeable ! »
Le jeune garçon amaigri qu’était Kiri sorti de la benne à ordure qui se trouvait dans une ruelle près du centre-ville. Après s’être assis, adossé à cette benne rouillée, il épousseta la pomme à moitié entamée, en coupa un quartier à l’aide d’un bout de verre qui trainait dans la rigole, et l’avala d’une bouchée. Kiri avait appris à se contrôler au fil des années, et ne gâchait donc plus la nourriture comme il l’aurait fait autrefois.
Il mit le reste de la pomme dans une feuille de papier journal qu’il s’empressa de ranger dans son sac. Ce sac était celui d’un jeune bourgeois qui fréquentait l’école de ce quartier. Kiri l’avait choisi car il était pourvu de nombreuses poches, ce qui facilitait le rangement. Très fonctionnel, avait-il pensé en l’apercevant sur le dos de ce connard de riche, comme il les appelait. Comme vous l’aurez compris, Kiri était contraint à voler pour survivre : faire la manche était une chose très mal vue par ici, et il ne cherchait pas à avoir plus de problèmes qu’il n’en avait déjà.
Soudain, quelque chose attira son attention. Kiri se rapprocha du mur défraichi où se trouvaient accrochées affiches de concert et autres publicités. Parmi ces affiches, se trouvait celle qui avait fait faire à Kiri l’effort quasi insurmontable de se relever. Non pas que ses genoux le fassent souffrir, mais il était ce qu’on appelle communément un gros flemmard. C’est sans doute ce trait de caractère qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui.
L’affiche parlait de combat, et de prix. Même si il n’était pas très cultivé, Kiri savait lire. Mal, mais il savait le faire. Le concours avait apparemment lieu le lendemain, à midi pile. Il était ouvert à toute personne âgée de plus de douze ans et se déroulait dans un Dojo en bordure de la ville. Il était mentionné sur l’affiche que les quatre demi-finalistes seraient logés, nourris et blanchis gratuitement, tout en bénéficiant de cours de combat, eux aussi gratuits.
Kiri, très intéressé par l’affaire, arracha l’affiche à moitié collée au mur et la fourra dans son sac.
« Ahahah laisse-moi rire. Tu comptes participer à ce tournoi dans cet état ? Tu n’as que la peau sur les os, tu ne tiendras même pas dix secondes ! Pas vrai les mecs ? » La voix, surgie subitement de nulle part, fit sursauter Kiri, qui manqua de se casser la figure. Il se rattrapa de justesse, regarda derrière lui et aperçu trois espèces de racailles. Celui qui avait parlé semblait être le chef de la bande. Kiri haussa les épaules, faisant tout pour rester calme, et se pencha pour ramasser son sac qui était posé contre le mur.
Soudain, alors qu’il ne lui restait que quelques centimètres à parcourir pour attraper son sac, sa main se raidit. Le choc du genou contre son plexus fut assez violent, mais Kiri, qui savait recevoir les coups, riposta. Il se battait à l’instinct, la tête vide.
Une trentaine de secondes plus tard, les trois énergumènes se tortillaient de douleur sur le sol. Ils avaient été pris de court par la rapidité et l’efficacité des coups que leur avaient rendu notre jeune homme, si bien qu’ils n’avaient pas su le toucher une seule fois.
Suite à cette dérouillée, Kiri ramassa son sac et se dirigea vers son lieu préféré pour dormir : Un vieux bus abandonné dans un terrain vague à quelques minutes de là où se trouvait la ruelle. Il n’était certes pas confortable, mais il protégeait des intempéries, ce qui était très pratique.
